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Expertise 29.07.2025
ACV : une longueur d’avance sur l’évaluation environnementale dans l’industrie aéronautique

Alors même que l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) n’était pas au cœur des préoccupations industrielles, SEGULA Technologies a été visionnaire en créant il y a des années un département dédié. Aujourd’hui, à l’heure où l’ACV est cadrée par les normes ISO 14040 et 14044, et où les réglementations se renforcent, l’évaluation environnementale est devenue un enjeu central et l’expérience acquise par SEGULA permet de répondre efficacement aux demandes des entreprises, en forte croissance depuis 3 ans.

Clara Delpech – Ingénieure AVC et éco-conception

 

L’ACV, une approche globale et multicritère

 

« Aujourd’hui dans l’industrie aéronautique, nous recevons des demandes de Bilan Carbone de nos prestations de conception, dès les appels d’offres, » constate Clara Delpech, Ingénieure ACV et écoconception chez SEGULA. Pour mieux saisir l’enjeu de l’ACV dans le secteur, revenons aux fondamentaux de la démarche. L’Analyse du Cycle de Vie est un outil d’évaluation environnementale globale d’un produit, prenant en compte toutes les étapes de son cycle de vie, des matières premières à sa fin de vie, en passant par sa fabrication, son transport et son utilisation. « L’ACV est l’outil normé le plus abouti pour évaluer les impacts d’un produit, de manière globale et multicritère, » poursuit-elle. L’évaluation repose sur plusieurs indicateurs environnementaux parmi les 25 possibles (au minimum trois et jusqu’à huit). L’objectif ? Éviter ce que les spécialistes appellent « transfert d’impact », phénomène où l’amélioration d’un aspect environnemental entraîne la dégradation d’un autre. Par exemple, une modification apportée sur un produit pour réduire ses émissions de CO2 risque en contrepartie d’augmenter un autre indicateur environnemental lors d’une autre étape du cycle de vie.

 

Ce phénomène souligne l’importance multicritère de l’ACV, pour éviter de déplacer les problèmes environnementaux plutôt que les diminuer réellement. Les indicateurs les plus souvent utilisés par SEGULA mentionnés par Clara Delpech sont ceux liés au changement climatique, mesuré en kg d’équivalents CO2, à l’épuisement des ressources minérales et métalliques, et à l’épuisement des ressources fossiles. 

 

Les quatre étapes d’une ACV réussie

Quand Clara Delpech réalise une ACV pour évaluer un produit, elle passe nécessairement par une méthodologie rigoureuse en quatre étapes, conformément à la norme ISO 14040. La première consiste à définir les objectifs et le périmètre de l’étude. L’idée est de clarifier la finalité de l’ACV, le champ d’étude du produit et les paramètres pertinents. « C’est dans la seconde étape qu’on entre dans le dur de l’ACV, précise Clara Delpech. Cette phase très technique, indispensable pour avoir une base d’étude solide, exige de réaliser un Inventaire du Cycle de Vie (ICV). »

 

Le client doit à cette étape fournir une BOM (Bill Of Materials), qui liste des détails précis sur les matériaux, les fournisseurs, les modes de transport ou encore les consommations énergétiques. « Si le client n’est pas en mesure de fournir des données spécifiques, qu’il aura réellement mesurées, je peux travailler à partir de données génériques, issues de bases de données, au risque de s’éloigner de la réalité du produit et d’établir une ACV moins précise. »

 

La troisième étape se sert des données collectées lors de la seconde étape, pour les traduire en indicateurs environnementaux. Il s’agit ici de modéliser les flux entrants et sortants lors du cycle de vie d’un produit à l’aide d’un logiciel spécialisé, comme LCA for Expert utilisé chez SEGULA. « La difficulté est de sélectionner les données adaptées et de privilégier les données spécifiques, plutôt que génériques. Mais parfois, nous n’avons pas le choix, quand le client ne dispose pas des informations réelles, explique Clara Delpech. C’est particulièrement marquant lorsqu’il s’agit de modéliser la fin de vie. Dans cette situation, j’applique systématiquement le principe du « pire cas», en l’occurrence l’incinération ou l’enfouissement pour la fin de vie, lorsque les données manquent. » La dernière étape consiste à interpréter les résultats selon les indicateurs choisis et à rédiger un rapport, où les points critiques du cycle de vie seront analysés et où des recommandations seront formulées pour réduire ces impacts. Ce rapport sert ainsi de référence pour conserver la trace des paramètres et des hypothèses utilisés dans l’étude ACV.

 

ACV simplifiées, comparatives ou complètes, adaptées aux besoins

 

SEGULA propose trois types d’analyses, simplifiée, comparative ou complète, adaptées aux objectifs de chaque projet. « L’ACV simplifiée est principalement à visée interne, pour apporter de la visibilité sur les impacts environnementaux du produit concerné et orienter rapidement des choix d’écoconception ou d’innovation, indique Clara Delpech. C’est une première estimation, un outil d’aide à la décision efficace entre différentes hypothèses, suffisante pour orienter des choix. »

 

Des clients de SEGULA sollicitent ainsi des ACV simplifiées pour cibler les axes prioritaires pour réduire son empreinte carbone. A cela s’ajoute l’ACV comparative, conçue pour comparer deux générations de produits. Elle repose sur une méthodologie rigoureuse, utilisant des jeux de données homogènes pour garantir la cohérence entre les deux versions de produits étudiées. L’objectif est de quantifier effectivement l’amélioration environnementale du nouveau produit par rapport à la gamme précédente.

 

Inversement, une ACV complète représente une analyse exhaustive sur tout le cycle de vie, effectuée selon les démarches ISO. Elle s’appuie préférentiellement sur les données réelles et mesurées, pour développer des matériaux de rupture par exemple ou de nouveaux avions. Elle permet de comparer des scénarios détaillés sur les choix de résine, de fibre, ou de procédé. « Nous avons réalisé des Déclarations Environnementales de Produit (EPD ou Environmental Product Declaration) pour le constructeur de bus IVECO, rapporte Clara Delpech. Ce projet illustre parfaitement la complexité de notre activité d’ACV : le bus étudié comptait 13 000 pièces différentes et son analyse a mobilisé plusieurs mois de collecte de données auprès du client et de ses fournisseurs ! » 

 

Un savoir-faire unique à la pointe de l’ACV

 

Le département d’ACV de SEGULA Technologies se distingue par sa position unique dans le paysage industriel. « Si cette activité est courante au sein d’agences consacrées à l’environnement, elle est rare dans un groupe d’ingénierie multiactivités, souligne l’ingénieure ACV. Notre avantage est d’être en capacité d’identifier et de mettre en avant les points critiques environnementaux dans de nombreux secteurs (aéronautique, mais aussi automobile, ferroviaire, spatial, naval, énergie…). »

 

La véritable valeur ajoutée réside dans la capacité de SEGULA à accompagner ses clients dans la réduction de l’impact environnemental de leurs produits, en synergie avec ses autres métiers, comme la simulation numérique ou le développement de matériaux innovants. Aujourd’hui, intégrer l’analyse de cycle de vie n’est plus une option. C’est une nécessité stratégique pour répondre aux exigences réglementaires, satisfaire les attentes des marchés et anticiper les défis environnementaux. « Je conseille vivement aux industriels de l’aéronautique de s’y préparer, en sensibilisant leurs équipes et en rationalisant les informations relatives à leurs produits. Ce n’est pas techniquement complexe, mais cela demande anticipation et méthode. »

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